Abousoufiane Elkabouss
Chaque année, à l’approche du mois de Ramadan, une scène familière se répète dans les quartiers défavorisés du Maroc : des distributions de paniers alimentaires organisées par certains partis politiques. Officiellement présentées comme des actions de solidarité en cette période sacrée, ces aides cachent en réalité une stratégie électorale bien rodée, visant à influencer le vote des populations les plus vulnérables
Le Ramadan, mois de partage et de générosité, devient ainsi un terrain propice aux manœuvres politiques. Dans un pays où de nombreuses familles peinent à subvenir à leurs besoins, recevoir un sac de farine, du sucre ou de l’huile représente une aide précieuse. Mais derrière cet acte en apparence bienveillant, se joue un calcul électoral cynique. Ces aides sont distribuées de manière ciblée, souvent en échange d’un soutien implicite ou explicite lors des élections. Une fois les scrutins passés, ces élans de “solidarité” disparaissent, laissant place à l’oubli et à l’indifférence
Cette instrumentalisation de la précarité entretient une dépendance volontairement maintenue. Plutôt que d’investir dans des solutions durables pour améliorer les conditions de vie des citoyens, ces partis préfèrent miser sur la nécessité immédiate des plus démunis. Le Ramadan, période de forte consommation, accentue encore plus cette vulnérabilité, facilitant ainsi ces pratiques clientélistes
Les conséquences sur la démocratie sont préoccupantes. En utilisant la pauvreté comme levier électoral, ces pratiques faussent le jeu politique et empêchent l’émergence d’un véritable débat autour de programmes et de visions d’avenir. Elles ancrent également un sentiment d’impuissance chez les citoyens, qui perçoivent les élections non pas comme une opportunité de changement, mais comme un simple troc entre précarité et opportunisme
Il est urgent d’encadrer ces pratiques et d’instaurer des mécanismes de contrôle plus stricts pour garantir une véritable éthique politique. La solidarité, surtout durant le mois sacré du Ramadan, ne doit pas être un outil de manipulation électorale, mais un engagement sincère et pérenne envers les plus vulnérables. La politique ne doit pas être un marché de la misère, mais un levier de progrès pour tous
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