Abousoufiane elkabouss
La pêche au Maroc, secteur clé de l’économie nationale, connaît une croissance impressionnante, portée par une forte demande internationale. Le royaume, 17ᵉ exportateur mondial de produits de la mer, expédie une grande partie de sa production vers l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Cependant, cette dynamique florissante cache une réalité bien moins reluisante pour les populations locales
Une exploitation intensive qui pousse les prix à la hausse
Avec une production annuelle dépassant 1,5 million de tonnes, le Maroc est l’un des leaders africains du secteur halieutique. Cependant, cette abondance n’est pas synonyme d’accessibilité pour les Marocains. L’exportation massive, notamment des espèces prisées comme le poulpe, la sardine ou le merlu, provoque une flambée des prix sur le marché local. Ce qui autrefois constituait un aliment de base pour de nombreuses familles est devenu un luxe inaccessible pour les plus modestes
Les pêcheurs locaux, eux, sont souvent contraints de vendre leurs prises à des prix dérisoires aux grands distributeurs ou aux entreprises d’exportation. “Nous travaillons dur, mais ce n’est pas nous qui profitons de cette richesse”, déplore un pêcheur de Dakhla. Le paradoxe est frappant : alors que les eaux marocaines regorgent de poissons, les marchés intérieurs souffrent d’une pénurie apparente, et les consommateurs paient le prix fort
Des écosystèmes marins menacés par la surpêche
Outre les conséquences économiques, la pêche agressive exercée par des navires industriels – souvent étrangers opérant sous licence marocaine – met en danger les écosystèmes marins. La surexploitation menace certaines espèces d’extinction, déséquilibrant l’écosystème et fragilisant la pêche artisanale, qui repose sur des méthodes plus durables.
Cette situation est aggravée par les accords internationaux, comme celui signé avec l’Union européenne, qui permettent aux flottes étrangères d’exploiter les ressources marocaines moyennant des compensations financières jugées insuffisantes par certains experts
Les populations locales en quête de solutions
Face à cette situation, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une gestion plus équitable et durable des ressources halieutiques. Les ONG et les acteurs locaux appellent à la mise en place de quotas d’exportation, à une meilleure régulation de la pêche industrielle, et à une révision des accords internationaux pour garantir que les richesses maritimes profitent en priorité aux Marocains
Si le secteur de la pêche est sans conteste un moteur économique pour le Maroc, il ne doit pas se faire au détriment des populations locales et de l’environnement. Sans une intervention rapide et structurée, le risque est grand de voir une ressource abondante devenir une denrée rare et source d’inégalités croissantes
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