Abousoufiane elkabouss
Des millions d’euros quittent illicitement le Maroc : enquête exclusive d’Alkalima Press
Rabat – Une véritable hémorragie financière. Chaque année, des millions, voire des milliards d’euros, sont sortis illicitement du Maroc, privant le pays de ressources vitales pour son développement. Une enquête menée par Alkalima Press révèle les mécanismes sophistiqués et les acteurs impliqués dans cette économie souterraine qui sape la prospérité nationale
Des mécanismes bien rodés pour contourner la loi
Les experts interrogés décrivent un système complexe reposant sur plusieurs stratégies. Parmi elles, la falsification de documents commerciaux joue un rôle clé. En sous-facturant les exportations ou en surfacturant les importations, des entreprises peu scrupuleuses parviennent à transférer discrètement des fonds vers des comptes offshore
Autre méthode : le transport physique de liquidités. Les aéroports marocains, malgré les dispositifs de surveillance, demeurent des points de passage pour des sommes importantes. Dans certains cas, des intermédiaires, souvent bien connectés, organisent le transfert de valises remplies d’argent hors du territoire.
Enfin, la création de sociétés-écrans à l’étranger permet de masquer l’origine des capitaux. Ces entités fictives, souvent enregistrées dans des paradis fiscaux, sont utilisées pour des investissements dans l’immobilier ou d’autres secteurs lucratifs
Un fléau aux conséquences lourdes
Le coût pour l’économie marocaine est colossal. Selon des estimations d’organisations internationales, la fuite des capitaux représente chaque année plusieurs milliards de dirhams. Cela se traduit par
• Une perte de recettes fiscales : ces fonds échappent aux contrôles de l’administration, creusant davantage le déficit public
• Un appauvrissement des réserves en devises : indispensable pour stabiliser le dirham et financer les importations
• Une atteinte à la confiance : à la fois des citoyens envers les institutions et des investisseurs étrangers envers le climat économique
Ces sorties massives de capitaux contribuent également à exacerber les inégalités sociales. “Chaque dirham qui quitte illicitement le pays, c’est un hôpital qui ne sera pas construit ou une école qui manquera de moyens”, déplore un économiste contacté par Alkalima Press
Des complicités à haut niveau
Notre enquête révèle que ces pratiques ne pourraient perdurer sans la complicité de certains acteurs influents. Des entreprises bien établies, mais aussi des individus proches des cercles de pouvoir, profiteraient de leur position pour contourner les régulations. Les récentes affaires impliquant des entrepreneurs de renom et des hauts fonctionnaires montrent que la lutte contre la corruption reste un défi majeur
Des efforts, mais des résultats timides
Face à ce fléau, les autorités marocaines ont renforcé les dispositifs de contrôle. L’Office des changes impose désormais des plafonds stricts sur les transferts internationaux, et des partenariats ont été établis avec des institutions étrangères pour traquer les fonds illicites. Toutefois, la faiblesse des sanctions et l’absence de transparence limitent l’efficacité de ces mesures
“Nous avons besoin d’un réel engagement politique pour faire face à ce problème. Les lois existent, mais leur application est souvent entravée par des pressions ou des intérêts personnels”, affirme un juriste spécialisé dans les questions de finance
Un appel à la transparence
La lutte contre la fuite des capitaux nécessite une approche globale
• Renforcer la coopération internationale pour identifier et geler les fonds transférés illégalement.
• Encourager la transparence financière, en obligeant les entreprises à déclarer leurs transactions internationales
• Sanctionner sévèrement les responsables, quelle que soit leur position sociale ou politique
Pour l’heure, les millions d’euros qui s’évaporent chaque année continuent de creuser un gouffre dans les finances publiques, tout en alimentant une économie parallèle qui échappe à tout contrôle. Si le Maroc veut réellement tourner la page de cette saignée financière, il devra mener une guerre sans merci contre les pratiques illicites, quel qu’en soit le prix
Alkalima Press continuera à enquêter sur ce sujet brûlant et à dévoiler les faits au grand jour
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