La liberté d’expression à nouveau en danger au Maroc : entre espoirs et inquiétudes

الكلمة بريس4 يناير 2025آخر تحديث :
La liberté d’expression à nouveau en danger au Maroc : entre espoirs et inquiétudes

Elkabouss Abousoufiane

La question de la liberté d’expression au Maroc reste un sujet sensible et complexe, oscillant entre avancées significatives et régressions préoccupantes. Ces derniers mois, plusieurs journalistes marocains ont été poursuivis devant les tribunaux pour des charges souvent liées à leur travail journalistique, alimentant un débat national et international sur l’état des droits humains et des libertés fondamentales dans le Royaume

Les grâces royales, une lueur d’espoir

Malgré ce climat difficile, les récentes grâces royales accordées à des journalistes de renom tels que Taoufik Bouachrine, Soulaimane Raissouni et Omar Radi ont été perçues comme des gestes d’apaisement. Ces libérations, saluées par de nombreux observateurs, ont redonné espoir à une partie de la société civile et des défenseurs des droits humains, qui y voient une ouverture pour la réhabilitation de la liberté d’expression et une reconnaissance implicite des controverses entourant leurs procès

Taoufik Bouachrine, fondateur du journal Akhbar Al Yaoum, avait été condamné à une lourde peine pour des accusations contestées et jugées disproportionnées par plusieurs ONG internationales. De son côté, Omar Radi, journaliste d’investigation, a vu son cas susciter une vive indignation, notamment en raison des accusations de harcèlement et d’espionnage portées contre lui. Quant à Soulaimane Raissouni, ancien rédacteur en chef du même journal, son procès avait également été critiqué pour des irrégularités procédurales

Ces grâces interviennent dans un contexte où les pressions internationales sur le Maroc se multiplient, notamment de la part d’organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch, qui continuent de dénoncer l’utilisation de la justice pour museler les voix critiques

Un contexte toujours préoccupant

Cependant, les grâces royales, bien qu’importantes, ne sauraient occulter les poursuites toujours en cours contre d’autres journalistes et militants. L’instrumentalisation présumée des lois relatives à la diffamation, à la moralité ou encore à la sécurité de l’État reste une menace constante pour la presse indépendante. Ces pratiques soulèvent des interrogations sur l’équilibre entre la nécessité de préserver l’ordre public et celle de garantir un espace pour le débat public et la critique

En outre, le paysage médiatique marocain souffre d’une polarisation croissante. Alors que certains médias adoptent une posture critique, d’autres, souvent proches du pouvoir, contribuent à marginaliser les voix dissidentes. Cette dynamique crée un climat où l’autocensure devient une pratique courante, sapant davantage le rôle essentiel de la presse dans une société démocratique

Un appel à un dialogue constructif

Face à cette situation, il est urgent d’ouvrir un dialogue national sur la liberté d’expression et la place du journalisme indépendant dans le Maroc d’aujourd’hui. La société civile, les institutions étatiques, ainsi que les journalistes eux-mêmes doivent s’engager dans un processus de réflexion collective pour définir les contours d’une presse libre et responsable

Les grâces royales récentes constituent une étape importante, mais elles ne doivent pas être perçues comme une fin en soi. Il s’agit désormais de bâtir sur ces gestes pour instaurer un cadre juridique et institutionnel qui protège réellement les journalistes, tout en favorisant un environnement propice à l’expression des opinions divergentes

Le Maroc a tout à gagner en embrassant pleinement les valeurs de pluralisme et de liberté. Une presse libre, loin d’être une menace, est un atout pour toute société aspirant à un développement durable et inclusif

 

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