Abousoufiane Elkabous
Elle souligne en particulier la présence d’enfants visibles sur des images relayées dans les médias et sur les réseaux sociaux, ainsi que l’interpellation, parfois agressive, de jeunes, y compris lorsqu’ils se trouvaient simplement face aux manifestations ou à proximité des caméras.
L’organisation rappelle que la protestation pacifique est une expression citoyenne légitime, garantie par la Constitution et les conventions internationales, et qu’elle ne représente aucune menace tant qu’elle demeure dans un cadre non violent.
Lors d’une mission d’observation menée par la présidente, Mme Najat Anwar, accompagnée d’un membre de l’organisation, tous deux ont été confrontés à la nature disproportionnée de la réponse observée. Bien que le rassemblement n’ait pas été officiellement autorisé, il s’est dans son ensemble déroulé sans violence, ce qui ne saurait en aucun cas justifier les mesures appliquées. Des individus ont même été interpellés en dehors du périmètre de la manifestation, sans y avoir pris part ni avoir été exposés médiatiquement, ce qui est précisément le cas d’un membre de notre ONG, arrêté sans motif, poussant notre présidente à intervenir publiquement pour demander sa libération — avant d’être elle-même emmenée au poste de police.
L’organisation estime qu’il est incompréhensible que des défenseurs des droits humains soient conduits au poste, retenus et interrogés pendant des heures, alors que leur présence visait uniquement à établir un rapport fondé à la fois sur des constats directs, des faits vérifiables et des témoignages alarmants recueillis sur le terrain. Leur déplacement faisait suite à des plaintes reçues de la part de mineurs et de jeunes arrêtés, afin de vérifier si ces faits étaient avérés et dans quelles conditions ils étaient traités, avant d’être eux-mêmes interpellés à leur tour.
De tels agissements donnent le sentiment d’un recul préoccupant en matière de droits humains, et participent à renforcer un profond sentiment d’injustice généralisé ainsi qu’un climat de défiance envers l’administration actuelle, que le peuple reproche de se construire sur une politique de vitrine bien éloignée de la réalité vécue par les Marocains.
L’organisation rappelle également que le Ministère Public a émis des instructions explicites interdisant l’arrestation des défenseurs des droits humains et des responsables politiques lors des manifestations, en conformité avec la Constitution marocaine et les conventions internationales, et dans le but de garantir la liberté d’expression et le droit à la protestation pacifique.
Elle appelle également à ce que les droits constitutionnels et humains de ces jeunes soient pleinement respectés, à ce qu’ils soient traités avec dignité, et non comme des criminels. Car au-delà de simples citoyens, ces jeunes sont aujourd’hui devenus des militants de leur propre cause, contraints de descendre dans la rue pour faire entendre leur voix, tant leur gouvernement les a abandonnés sur leurs besoins les plus élémentaires.
Touche Pas à Mon Enfant tient à rappeler qu’elle soutient pleinement l’application de la loi et le maintien de l’ordre public dans un cadre respectueux des droits fondamentaux. Toutefois, elle appelle à un traitement des manifestations en cohérence avec leur nature pacifique et les principes constitutionnels, au premier rang desquels figurent le droit à la santé et à l’éducation.
Enfin, l’organisation considère que toute gestion excessive ou arbitraire de ces mobilisations risque de porter atteinte à l’image du Maroc au regard de ses engagements en matière de droits humains.
Elle insiste donc sur la nécessité d’écouter la voix du peuple, en particulier celle des jeunes, dont les revendications reposent sur des droits sociaux légitimes et consacrés par la Constitution. Il est temps de leur reconnaître une place pleine et entière dans le débat public et la sphère politique, afin qu’ils n’aient plus à exprimer leur détresse dans la rue pour faire valoir des droits qui auraient dû leur être garantis depuis toujours.
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