Abousoufiane Elkabouss
Une épidémie silencieuse mais persistante
Le Maroc compte aujourd’hui près de 23 000 personnes vivant avec le VIH, selon les données du ministère de la Santé. Chaque année, environ 1 000 nouvelles infections sont enregistrées, et près de 390 décès sont liés au sida.
Malgré une baisse des nouvelles contaminations de 35 % depuis 2010, la progression reste constante, posant un véritable défi aux autorités sanitaires.
Où le VIH frappe le plus fort ?
La maladie touche principalement les grandes villes et zones urbaines. Voici la répartition régionale :
• Casablanca-Settat : 32 % des cas
• Marrakech-Safi : 16 %
• Souss-Massa : 15 %
• Rabat-Salé-Kénitra : 13 %
Ces quatre régions concentrent à elles seules plus des trois quarts des cas recensés dans le pays.
Les populations les plus vulnérables
La prévalence reste faible au niveau national (0,08 %), mais elle grimpe de manière alarmante au sein de certaines populations à risque :
• Travailleuses du sexe : 1,7 %
• Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes : environ 4 %
• Usagers de drogues injectables : jusqu’à 7 %
Ces groupes, souvent marginalisés, rencontrent des obstacles majeurs dans l’accès aux soins et aux dépistages.
La stigmatisation, principal frein à la lutte
Un rapport récent révèle que :
• 22,9 % des personnes touchées évitent les soins par peur du rejet
• 53,8 % ont subi une forme de stigmatisation
• 8,5 % ont été victimes de discrimination dans leur entourage professionnel ou médical
La peur du regard des autres tue autant que la maladie elle-même.
Un plan national ambitieux pour 2030
Face à cette situation, le Maroc a lancé un Plan national intégré 2024–2030 pour :
• Réduire de 90 % les nouvelles infections
• Réduire de 90 % les décès liés au sida
• Éliminer les discriminations envers les personnes vivant avec le VIH
Un appui financier important est mobilisé, avec 160 millions de dollars du Fonds mondial pour renforcer les soins, le dépistage, la prévention et l’accompagnement.
Malgré les moyens engagés, de nombreux défis subsistent :
• Faible accès au dépistage, surtout en zones rurales
• Manque de formation sur le VIH dans les structures médicales
• Réticence des populations à risque à consulter
• Faible couverture médiatique et sensibilisation irrégulière
Briser le silence, sauver des vies
Le VIH n’est plus une condamnation, mais une maladie chronique contrôlable avec les traitements actuels. Le véritable danger aujourd’hui n’est pas le virus, mais le silence, les préjugés et le rejet social
Le Maroc a les moyens d’atteindre ses objectifs, à condition que chacun – institutions, médias, société civile et citoyens – s’implique sans tabou ni jugement.
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